Conte d'Halloween (2)

"LA BARBE !" En deux mots, Mike avait résumé ce qu'il pensait de cette soirée. C'était Halloween. Mais pour lui, cette année, pas de promenade aux lampions, pas de récolte de friandises, rien. Rien de rien. Cela faisait à peine deux semaines que lui et ses parents s'étaient installés dans cette ville perdue du Michigan. Son père, ingénieur des Eaux et Forêts, venait une fois de plus d'être muté. C'était la troisième fois et à chaque déménagement, Mike perdait sa maison, son école, ses copains...Ici, il ne connaissait personne : pas question de faire seul la chasse aux bonbons !

Mike donna un coup de pied rageur à son gant de base-ball qui traînait là. Il n'avait pas encore rangé toutes ses affaires, et n'avait aucune envie de s'y mettre. Il détestait cet endroit, il ne s'y ferait jamais. Sur la commode, la photo de David (son meilleur copain) lui souriait, d'un sourire où manquaient deux dents de lait.
David...Il devait bien s'amuser, avec toute la bande... "TRICK OR TREAT !"

A cette heure, la vieille Miss Maloney avait déjà dû les régaler de ses incomparables cookies. Et Papy O'Kane avait certainement sorti son costume de fantôme, trop court qui laissait voir le bas de ses pantalons. Mike ferma les yeux : il eut l'impression d'entendre les rires de ses amis, de descendre avec eux la rue principale de Fairy's Hill décorée de citrouilles grimaçantes...Mais il était seul dans une nouvelle chambre, dans une nouvelle ville, il allait entrer dans une nouvelle école...Il avait bien envie de pleurer, mais à 9 ans, il se sentait trop vieux pour le faire. Il n'était plus un bébé !

Le petit garçon appuya son front contre la vitre froide. La nuit commençait à tomber. Les tas de feuilles mortes frissonnaient sous la bise aigre de ce soir d'automne. Un merle pressé de regagner son nid zébra d'un trait noir le ciel bleu ardoise. "Tu verras", lui avait dit son père "Tu vas adorer le jardin !" Un grand jardin planté d'arbres où il devait faire bon grimper ou accrocher une balançoire, des bosquets à explorer, un vrai hallier qui continuait au-delà d'une vieille grille. Mais à quoi bon un jardin, si on y est seul ?

Mike cligna des yeux. Non, il ne rêvait pas : là-bas, près de la grille, un garçon de son âge, en costume de Peau-Rouge, lui faisait de grands signes, l'invitait à le rejoindre. Mike rafla au passage sa canadienne, son chapeau de cow-boy et dévala l'escalier "Je sors, M'man !" Il se hâta vers le fond du jardin.

"Salut !" le garçon qu'il avait aperçu se tenait là. Il était un peu plus grand que Mike, une mèche de cheveux noirs s'échappait de sa coiffe de plumes. Il avait des yeux d'un bleu très clair qui semblaient sourire "T'es nouveau, ici ? Tu verras, Beaver Town est une chouette ville !"
Les deux gosses s'observaient, se plaisaient bien. "Je m'appelle Tommy Banks." "Moi, Mike O'Kane."
Le courant passa tout de suite entre eux. Ils feraient connaissance, s'amuseraient entre eux, ce serait quand même une belle soirée d'Halloween. Ils se découvraient des tas de points communs, ils aimaient tous les deux les modèles de bateaux, les BD de science-fiction, les sandwiches au beurre de cacahuètes "Avec de la confiture !" Et l'équipe des Bulls était bien la plus forte, il faudrait absolument que Mike montre sa collection de vignettes de base-ball à son nouvel ami.

"Tu sais, Mike, je suis Eclaireur, de la Patrouille des Grizzlys. J'ai déjà 4 badges et je sais faire du feu. On pourrait se faire griller des châtaignes, y'en a plein par ici..." "O.K. !"

Maintenant, la nuit était vraiment tombée. Tommy avait dressé un petit foyer de pierres et allumé un feu. Assis sur une vieille souche, les garçons se régalaient de châtaignes toutes chaudes. Ils étaient bien, tous les deux. Mike avait confiance à présent : tout compte fait, il pourrait être heureux ici, il avait déjà un copain.

"MIKE !" La silhouette de sa mère se découpait en ombre chinoise sur le pas de la porte. "Faut que j'y aille, Tommy, à demain !" Tommy ne répondit pas, il lui serra seulement la main. Le petit garçon se hâtait vers la maison, quand soudain une voix dans son dos le fit se retourner "Hé, Mike !" Tommy n'avait pas bougé. Mike revint sur ses pas "Je serai toujours ton ami, Mike. Tiens, c'est un cadeau de bienvenue, ma bille préférée..." "Merci !" Et Mike repris sa course vers la maison. Ah, il en avait, des choses à raconter à ses parents !

Le lendemain, à peine expédié le petit déjeuner, Mike fila dans la rue, contourna le pâté de maisons et, tout essoufflé, sonna à la porte qui devait être celle de son copain.
Une jeune femme aux cheveux noirs vint lui ouvrir "Bonjour, M'dame, est-ce que Tommy..." La femme pâlit et ses yeux se remplirent de larmes. Elle cacha son visage dans ses mains et s'enfuit à l'intérieur. Mike n'y comprenait rien. Un homme sortit sous le porche, il avait des yeux bleus pareils à ceux de Tommy....

"Excuse ma femme, mon garçon, il faut que je te parle, viens t'asseoir ici..." Il guida Mike vers un banc de bois sous la véranda. Ils s'assirent côte à côte et le père de Tommy posa la main sur l'épaule du petit garçon "Tu vois, bonhomme, je ne sais pas qui t'a parlé de Tommy, mais il faut que tu saches... Il y a un an, juste un an, Tommy est parti rejoindre ses copains pour la tournée d'Hallowen. Il était heureux, il venait d'avoir un costume d'Indien tout neuf, c'était une belle soirée, comme celle d'hier...Il n'est jamais rentré : il a été fauché par un conducteur ivre. Le type ne s'est même pas arrêté ! Alors, tu comprends, quand ma femme t'a entendu demander Tommy...Les souvenirs sont encore si présents...Il vaut mieux que tu rentres, mon garçon."

Le père de Tommy s'était levé "C'était un petit garçon formidable, tu sais...Il avait des cheveux noirs, comme sa mère. Il était Eclaireur et il en était très fier....Il adorait les Bulls et les maquettes de bateaux..." Mike faillit dire "Je sais" mais sa gorge se noua et il resta muet.
Il serra la main de Monsieur Banks et s'éloigna lentement.

Le ciel était gris de plomb. Un vent froid s'était levé, faisant tournoyer les feuilles mortes. Mike frissonna. Il releva le col de sa canadienne et enfonça ses mains dans ses poches. Sous ses doigts, il sentit quelque chose rouler...Il regarda : au creux de sa paume, une superbe bille de verre brillait d'un éclat très doux...

UNE BILLE D'UN BLEU TRES CLAIR......

Conte écrit par "Cigale" une internaute dont j'ai lu le récit sur un autre forum.

Merci

J'ai bien aimé ce conte

Je m'attendais à cette fin

comme une impression de déjà vu

A Halloween les fantômes sortent

j'ai cru que personne ne lirai mon post ihihih ....

Et oui moi aussi je me suis douté de la fin ... mais j'aime bien la poésie dont a fait preuve cette internaute ...

Le monde des morts et des vivants est quelque fois simplement séparé par une fine frontière, invisible à beaucoup de mortels ... mais pourtant présente ...

J"ai eu plus de mal à le lire car à chaque fois

je dois bouger la barre en dessous

Peut être une mauvaise résolution de mon écran


Oui tu as raison , mais c'est un beau conte