Le terme de
violence urbaine est né à Los Angeles en 1992 avec des émeutes qui resteront gravées dans les mémoires de tous. Cette expression est, dans l’imagerie collective, synonyme de délinquance et d’affrontements entres jeunes et forces de l’ordre.
Depuis 2005 ce sont les images des émeutes françaises des banlieues qui hantent les différents gouvernements européens.
Cette dernière décennie a déjà connue plus de désordres civils que les années 60.
En regardant les images qui circulent sur le web, je remarque que les gestes des jeunes grecs, des ouvriers chinois, des banlieusards français ou des altermondialistes de Copenhague sont les mêmes. On retrouve la même rage et la même révolte dans des pays pourtant culturellement bien différents.
Le système de représentation sensé nous représenter a été mis en place il y a plus d’un siècle mais il ne joue plus son rôle.
Toute la souffrance crée mène les gens à dire : «
stop, ça suffit ! » mais il n’y pas d’espace où les maux du peuple peuvent s’exprimer où alors il n’est pas entendu et il faut que cette souffrance s’exprime alors elle le fait autrement, en prenant position au cœur même de la ville, dans la rue, seul espace public que le peuple peut s’approprier.
La politique d’exclusion mise en œuvre dans la majorité de nos pays en est la cause principale.
Les Etats doivent leur légitimité du peuple et ils se doivent d’y inclure tout le monde. Voilà le modèle de société pour lequel nous nous sommes battus.
Or, qu’en est-il aujourd’hui ?
Les gouvernements tirent leur légitimité par leur capacité à dire qui ne fait pas partie de la société, qui n’y a pas sa place. Un certain nombre de gens se sentent ainsi marginalisés. Là est un point essentiel du déclenchement des émeutes : le manque de prise en considération des gens.
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Ces mouvements spontanés de force et de
solidarité collective ne sont pas que des envies de tout détruire ou de renverser le système comme pourraient le croire beaucoup. Il s’agit
d’élans nouveaux, d’énergies positives et de volontés créatrices. Je crois que cela peut être quelque chose de positif quand l’idée de reconstruire est pensé comme finalité.
Ils sont insupportables ces jeunes … Ils sont insupportables à penser que l’on pourraient vivre autrement en imaginant d’autres systèmes avec leur rapport au travail, avec leur rapport aux autres etc. Moi je leur dirait qu’une chose : «
Continuez à vous indignez et à vous révoltez, continuez à rêver à un monde meilleur et je vous suivrai toujours ! »
Les états, si ils nous traitent aussi froidement, aussi administrativement qu’ils le font, si ils restent ancrés sur leur système de lois en nous disant «
vous êtes hors la loi » sans nous permettre de débattre sur la véritable équité de la loi contre laquelle nous luttons, c’est que derrière il y a un facteur important dont je n’ai pas encore parlé :
l’argent.
Le capitalisme est à l’œuvre partout et les rentes financières en sont les conséquences et le moteur.
Les profits générés sont considérables.
Pourquoi faut-il toujours un énarque pour nous représenter et pas un citoyen?
Pourquoi y a-t-il de la place pour un agent immobilier alors que plus personne ne peut se payer une maison ?
Pourquoi y a-t-il de la place pour des chaînes de fast-foods alors que qu’il n’y en a pas pour les restaurants associatifs ?
Pourquoi y a-t-il de la place pour les riches et pas pour les pauvres ?
Réfléchissons au genre de vie que nous voulons.
Je n’ai pas envie de descendre dans la rue et de me confronter violemment aux forces de l’ordre sachant que je risque d’être blessé, ou qu’un de mes amis le soit. Sachant aussi qu’un policier pourrait se retrouver paralysé dans ces confrontations. Non, je ne le veux sincèrement pas et je prône une
désobéissance pacifique car je ne peux pas regarder ce qui se passe sans réagir, sans rien faire ou sans me battre. Mais dans des cas extrêmes il faut lutter et et prendre les armes.
Et on en revient à notre sujet principal : les violences urbaines et les émeutes.
La détermination qu’affichent les gouvernements prouve leurs incompétences à gérer ce qui apparait comme une crise mondiale maintenant.
La logique répressive n’est pas la bonne solution et il faut que les gens au pouvoir écoutent le message du peuple. Ma génération et toutes celles avant moi ont été élevées dans un souci de respect de la démocratie, de reconnaissance envers le système mais quand les forces au pouvoir ne jouent pas le jeu et quand le système devient absurde et renforce les inégalités, comment doivent réagir les générations futures ?
Elles ne veulent plus jouer le jeu de ce système. Elles ne veulent plus jouer du tout d’ailleurs.
L’exemple grec est révélateur. Et c’est là où moi je vois la magie de l’humain. Ces jeunes et tous ces exclus grecs, américains, français, allemands, espagnols, boliviens, syriens, chinois etc. nous disent : «
on est là ! ». Voilà le sens des émeutes un peu partout dans le monde.
Pourquoi on vote pour ces gens là ? Que font-ils pour nous réellement ? A quoi sert mon vote si ce sont tous les garants du pouvoir en place si ce n’est à renforcer leur légitimité ?
Quand l’état refuse de condamner les abus de pouvoir, les délits d’initiés et toutes les magouilles, quand il opte pour une politique de répression et de tolérance zéro envers les jeunes et les ouvriers. Rajoutez un peu de misère sociale à tout cela et vous obtenez une situation explosive.
Quand nos attentes sont si éloignées des valeurs du système qui nous représentent il ne s’agit plus de survivre à l’intérieur mais de vivre pleinement !
Alternative … quel mot doux à mon oreille …
La légitimité de l’état doit être basée sur sa capacité à prouver qu’il est en mesure de prendre en charge les intérêts de la nation et de les défendre. Or, nous voyons bien que les états ne sont plus en mesure de faire ça. A qui rend des comptes l’état grec par exemple ? En premier lieu au marché financier. Ensuite il rend des comptes à ses collègues européens et accessoirement au peuple grec.
Après le slogan des années 68 : « Sous les pavés, la plage… »
Voici le slogan des émeutiers d’aujourd’hui : « Une ville qui brûle, une fleur qui pousse… »
Pourquoi la donne est en train de changer et pourquoi je pressens une révolution de grande ampleur ?
Parce que maintenant, la classe ouvrière, qui représente des millions de travailleurs, se retrouve elle aussi en situation critique et que comme ses enfants elle ne dispose que d’un moyen pour s’exprimer, la rue et les pavés.